"Tiens. Salut mon gars, t'es nouveau ? Bienvenue à bord, mais je te préviens, ici c'est plus la galère, c'est carrément le Titanic. Haha. Hm. Ouais, je comprends ton "enthousiasme", le coin est pas très riant, hein ? Y'a rien qui pousse ici, la faute aux bombes. Quand on pense qu'autrefois, cette île était couverte de verdure et que maintenant c'est qu'une croûte de pierre radioactive qui affleure à la surface de la mer... Allez viens, inutile de s'attarder sur la paysage, je t'emmène à la Base.
Qu'est-ce que tu fais là ? T'es un scientifique ? Un militaire ? Ou un insectoïde, comme moi ? Hein ? "C'est quoi un insectoïde" ? Ben comme moi. Un hybride humain-insecte, qui résiste aux radiations. On est pas très au point, faut tout le temps gérer l'équilibre de notre métabolisme, sinon on mute en des espèces de monstruosités, ou on explose en petit tas d'organes sur le sol. C'est pour ça, la puce que j'ai dans la nuque. On en a tous une. Ça sert aussi à nous empêcher de nous enfuir de l'île. On a un périmètre bien délimité. Si on le dépasse, bip bip bip PAF ! Plus d'insectoïde.
Alors t'es là pour quoi ? Bah, après tout peu importe. Ici on est tous logés à la même enseigne, ou presque. Les humains qui nous ont donné naissance sont aussi coincés que nous, dans le fond. Ils n'ont pas de puce dans la couenne, mais ils ne peuvent pas s'en aller non plus. Secret militaire oblige, ils ont tous signé un contrat à vie. Impossible d'accoster ici, les courants sont trop forts, et y'a plein de rochers qui n'attendent que l'occasion de te défoncer ton bateau. Impossible de poser le moindre hélicoptère non plus, le terrain est trop irrégulier, toujours ces foutus rochers. Notre seul lien avec le continent, c'est la radio, et les quelques nouvelles têtes qu'on nous parachute de temps en temps, comme toi par exemple. Les seuls départ qu'on connaisse, c'est quand y'a quelqu'un qui meurt.
Ouais y'a des décès. Trente ans que ça dure, forcément ! Tous nos scientifiques sont pas forcément de la première fraîcheur. Donc les vieux claquent parfois. Y'a aussi ceux qui essaient de s'échapper et dont les cadavres sont rejetés ensuite sur la grève. Ça et puis y'en a que l'isolement rend dingues. Insectoïdes comme humains, c'est pareil. On a déjà eu quelques morts violentes. Pas mal de violence tout court aussi en fait. Des trucs horribles. Mais ce qui se passe sur l'île reste sur l'île, personne n'en parle, jamais. J't'en dirais pas plus. J'veux pas d'ennuis.
T'as peur ? Si, t'as peur. Mens pas, je sens tes phéromones. Mais c'est trop tard pour faire demi-tour, maintenant, t'as signé ce foutu contrat, t'as sauté de l'hélico, maintenant t'es pris au piège. Ce qui est sur l'île reste sur l'île. Bon viens, on va prendre une douche dans le sas de décontamination. Que je te présente au reste de l'équipe..."
Jeu 2 Juil - 23:01
